... ou les vertus de l'échec
Ceux qui réussissent sont-ils forcément les meilleurs ? Ou ont-ils accepté de tester, rater, recommencer, améliorer, oser, recommencer, rater encore, expérimenter, observer, rater un peu moins, adapter, réussir un peu…
En cabinet, j’invite souvent ceux qui viennent me voir à tester, à sortir de leur zone de confort et à voir ce que cela produit chez eux. De mon côté, je tente de faire la même chose. M’autoriser à faire des essais, des tentatives plus ou moins fructueuses. Sortir de l’attente d’une réussite obligatoire du premier coup.
Pour l’écriture de cet article, je me suis confrontée à cette problématique car, pour une raison qui m’échappe, ma plume a tendance à être sèche en ce moment. Et plus elle sèche, moins le trait est fluide, plus la feuille reste blanche, moins je me sens apte à la remplir… Alors comme je pressens qu’écrire va être ardu, quelque chose en moins résiste, renâcle à se mettre à la tâche et je procrastine. 😊
Puis, vendredi, alors que j’étais en train de me faire masser avec beaucoup de douceur par "A corps joie" (que je vous recommande vivement en passant), mon cerveau m’a envoyé le message suivant : « ce n’est pas parce que c’est compliqué qu’il ne faut pas le faire ».
Attention, ce n’est pas une invitation non plus à toujours faire juste pour se prouver qu’on en est capable quitte à se mettre dans une position d’échec. Je l’ai plutôt interprété comme la possibilité de me fixer des objectifs ambitieux (à titre personnel ou professionnel) puis de mettre en face des moyens et un plan d’actions pour ensuite me lancer.
Un pas après l’autre, sans vouloir toujours maitriser le plan dans son intégralité, sans focaliser dès le départ sur la finalité.
"Le premier jet de n’importe quoi est merdique."
Ernest Hemingway
Cela me fait penser à mon application de running. Je suis en train de me préparer pour un trail long, sur une distance que je ne connais pas du tout. J’ai donc décidé de m'abonner à Run Motion qui m’a concocté un plan d’entrainement spécifique. Cette application spécialisée ne me donne accès qu'aux 4 semaines suivantes. Je brulais pourtant de voir le programme dans son intégralité pour savoir à quoi m’attendre, me préparer bien en amont aux séances plus difficiles, avoir une vision globale mais quand j’ai regardé la FAQ de l’application, voici ce qu’ils m’ont répondu.
Pourquoi mon entraînement est-il visible sur 4 semaines seulement ?
Patience, chaque chose en son temps ! Concentre-toi sur la semaine en cours, et les entraînements des semaines suivantes seront adaptés en fonction de tes retours d’après séances.
C’est tellement évident quand je le lis et pourtant ce n’est pas si confortable à vivre à l’ère où l’illusion d’un contrôle total et permanent règne. Finalement, j’ai accepté de me laisser porter et je ne le regrette pas car j’ai appréhendé les difficultés au fur et à mesure.
Pour pallier ce besoin de résultats et de contrôle, du moins sur l’aspect de l’écriture, Safi Bahcall propose d’écrire VITE, MAL, FAUX… Histoire de libérer le juge intérieur. Passer en écriture intuitive, lâcher les chevaux… Puis seulement après réécrire, supprimer les mots inutiles, relire, simplifier, laisser reposer, adapter, pour peut être à la fin être relativement satisfaite. Et me dire qu’au moins, j’ai mis tous les moyens pour atteindre mon objectif.
Écrire vite, écrire mal, et écrire faux. Un style terrible, une grammaire terrible, un choix de mots terrible, des faits erronés, et cela vous libère. Et ne vous arrêtez pas pour revenir en arrière, parce qu’à chaque fois que vous vous arrêtez, c’est comme une voiture qui roule sur l’autoroute – c’est facile de s’arrêter, mais ensuite vous devez dépenser tout ce carburant pour reprendre de la vitesse, et vous pourriez ne pas y arriver.
Safi Bahcall auteur de Loonshots
L'un de mes formateurs, Laurent Bertin, en parle aussi très bien ici : https://laurentbertin.com/vite-mal-faux/
Cela peut s’appliquer dans de nombreux processus qui impliquent de l’action : commencer un nouvelle discipline sportive ou mentale, changer d’habitude de vie (alimentation, sommeil, moyen de transport…), etc. Le principe est juste de ne pas chercher à réussir tout de suite mais bien à tester et à s’autoriser à rater, à améliorer… Bref OSER !
Comments